Série 2, épisode 4 : "Arrêtez les violons"

Les partenaires
Série 2

Accor
ATMB
BNP Paribas
Capgemini
Cofely
Dassault Systèmes
Essilor
Fondation Geodis
GRDF
Microsoft
Pepsico
RTE
Société Générale
Thalès
Logo achat

Episode 4 : arrêtez les violons !

• Faut-il se mettre à nu devant des personnes handicapées ?

• Timidité, intimité, où est la frontière ?
• Fait-on le baisemain à une jeune fille ?

A savoir

Nous n’avons pas tous de personnes handicapées dans notre entourage. Une première rencontre est donc souvent celle avec «le handicap», moins avec «une personne». Qu’on le veuille ou non, c’est comme ça.

On connait tous le refrain. Moa non, c’est son intelligence qui m’a sauté aux yeux. Ou cette fameuse pub «regarder moi dans les yeux, j’ai dit dans les yeux». C’est bien connu, Brad, ou George font fondre nos copines par la finesse de leurs propos et la grandeur de leur coeur.

Bref, il faut se l’avouer, les apparences ont la vie dure.

Ce premier contact génère des émotions incontrôlées, car inhabituelles. Effet de projection (comment fait-il ?…) Suivi de près par : pitié, compassion, … Et paf, ça déborde. Remarques à la c… (fausse) empathie débordante, condescendance, … ou mur d’indifférence pour se «blinder». C’est selon.

Sauf que, la personne handicapée, elle, c’est comme les seins d’Eva, elle vit tous les jours avec. Donc au bout d’un moment, avoir en face de soi des gens qui débordent d’émotion du soir au matin (enfin, ici du matin au soir, plutôt), ça finit par être un peu pesant. D’autant que le handicap est rarement livré avec un diplôme de psychothérapeute, ou un job de confident.

Alors ? Pas facile. C’est sûr. Mais le plus simple est d’essayer d’être «naturel». Etre naturel, comme on le serait avec son entourage, au quotidien. Etre naturel, comme le sont les enfants. La curiosité n’est pas forcément malsaine, tant qu’elle respecte l’intimité. Elle est en tout cas souvent plus juste que l’indifférence.

Mais Diane explique cela beaucoup mieux que moi…

Aller plus loin

• Il ne peut pas faire un petit effort des fois, quand même, avec tout ce qu’on fait pour lui?

Adapter l’environnement aux possibilités de la personne handicapée, ou changer les habitudes pour permettre à la personne handicapée de participer, peut sembler un poids pour l’environnement professionnel, familial, amical ou social, d’autant que cette préoccupation doit être répétée ou permanente. La solution est dans le dialogue entre les différentes parties et leurs contraintes, néanmoins il faut garder en tête que la personne handicapée a des limitations fonctionnelles qu’elle ne peut pas « choisir » ni repousser, et que, même si elle a l’habitude d’expliquer son handicap et d’être pédagogue sur ses besoins, cela demande de l’énergie au jour le jour. 

 Expliquer son handicap est particulièrement un effort pour les situations très ponctuelles, avec des personnes que l’on ne croise que quelques minutes, et pour lesquelles on aimerait ne pas avoir à raconter sa vie pour se justifier (la justification étant souvent plus demandée pour une personne portant un handicap invisible) : à l’accueil d’un magasin pour pouvoir utiliser l’élévateur, dans le bus pour pouvoir occuper une place accessible réservée, dans un restaurant pour avoir accès aux toilettes accessibles, etc.

Des personnes handicapées peuvent ainsi se sentir découragées, ou ponctuellement découragées, et se mettre en retrait de la vie sociale (amicale, professionnelle, sociale) pour ne pas « déranger » les autres, ne pas passer pour des « emmerdeurs », ou ne pas causer de soucis supplémentaires à leurs différents entourages qui devraient autrement s’adapter au handicap.

 

• C’est bizarre ton truc ! Qu’est-ce que c’est ? 

En général les personnes handicapées essayent de rendre discrètes les manifestations visibles de leur handicap quand elles le peuvent, afin que leurs interlocuteurs ne se focalisent pas sur leur handicap, et ainsi le font-elles des aides  techniques: des vêtements amples vont par exemple cacher des orthèses, des vêtements de contention ou des chaussures orthopédiques, des cheveux longs vont cacher un appareillage auditif, etc…pour renvoyer une image plus « normalisée ». Elles peuvent aussi se retrouver à réaliser un effort ponctuel exceptionnel (nous en reparlerons dans l’épisode 6) pour cacher ponctuellement le handicap : par exemple maintenir une station debout même si elle est pénible et douloureuse afin de pouvoir continuer à discuter avec une personne debout (à  découvrir dans l’épisode 10).

Malgré cela certaines aides techniques peuvent ne pas pouvoir être cachées, et « forcer » l’entourage à s’y habituer. Des orthèses aux mains peuvent par exemple éveiller votre curiosité et distraire votre attention et ou celle d’un auditoire. Certaines aides techniques, comme des assistances respiratoires, peuvent même paraître impressionnantes pour qui n’a pas l’habitude de les côtoyer. N’hésitez pas à en parler avec la personne handicapée…mais heureusement très souvent quelques minutes ou quelques heures suffisent à passer outre sa peur, ses premières appréhensions et les apparences.

En revanche la personne en situation de handicap peut aussi à l’inverse décider de rendre son  handicap plus « visible » afin que l’environnement soit averti de ses difficultés et pense à les prendre en compte: une canne peut ainsi rappeler à l’entourage le besoin de s’assoir, un implant cochléaire fluo peut rappeler la nécessité de parler distinctement, des lunettes noires celle que l’on décrive les graphiques… Cela peut être recherché en milieu professionnel, pour rappeler par exemple qu’on réalise un discours assis non pas par manque de dynamisme et d’entrain, mais par simple incapacité à le prononcer debout dans la durée. Machines à café, cocktails, déplacements en équipe, pots de fin de réunions, sont par exemple des situations souvent non adaptées au handicap, et où il est utile de le rappeler à la bonne mémoire de ses collègues.

 

• Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout, et s’il faut je te porterai !

Parce qu’on est remplis de bons sentiments, on a le réflexe de dire à une personne handicapée que, grâce à la bonne volonté de tous, tout se passera bien. « Et sinon, on te portera, ne t’inquiète pas ».

En réalité il vaut mieux demander clairement à la personne handicapée ce dont elle a matériellement besoin pour accéder à un endroit par exemple, et répondre précisément à ses questions, par exemple quant à l’agencement des lieux. En effet elle est la plus à même de savoir, en fonction de son handicap, les conditions dans lesquelles elle peut se déplacer sans risques ni inconforts. Bien souvent des personnes croient qu’un lieu est « évidemment accessible » avant de se rendre compte par exemple qu’il y a trois marches avant l’entrée, que l’ascenseur ne dessert pas le demi-étage, que l’élévateur est hors service depuis 2 semaines, ou encore que les toilettes sont trop étroites ou après un escalier. La personne handicapée aura donc besoin d’informations précises pour préparer son trajet ou sa réunion, et lui assurer que « tout se passera bien » ne lui sert à rien. 

Plus généralement le handicap et l’accessibilité ne sont ni un bon sentiment ni une bonne volonté mais bien une compétence qui s’acquiert afin de pouvoir prendre en compte tous les types de handicaps et de leur offrir un maximum d’autonomie et de sécurité. N’hésitez pas à faire appel à des professionnels ou des associations compétentes plutôt que d’improviser des cheminements ou des solutions qui risquent de s’avérer inadaptées aux besoins de la personne voire dangereux.

Par exemple, avant de proposer à une personne handicapée motrice de la porter, pensez que cela ne peut être qu’une solution de dernier recours. La personne handicapée peut refuser de se faire porter car cette situation génère beaucoup de risques et d’inconforts: risques de la blesser ou de créer un traumatisme en fonction de son problème médical par le simple fait de la porter, risques en cas de chute de conséquences et responsabilités potentiellement bien plus graves que pour une personne valide (responsabilité civile), etc. En outre il n’est pas plus agréable pour une personne handicapée que pour une personne valide de se faire porter, tout particulièrement en milieu professionnel où la proposition peut paraître incorrecte et déplacée, surtout que pour la personne handicapée c’est une situation permanente et qui serait potentiellement très fréquente. Au lieu de cela, il faut donc s’assurer en avance que les réunions ou rendez-vous se fassent dans un lieu accessible pour la personne, et prévoir de changer de lieu sinon. Pour plus d’informations : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Organiser-une-reunion-accessible,11537.html